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dimanche 21 juin 2020

PLUS DE 280 SIGNES

Faut pas faire trop long qu’il disait, les gens n’ont plus le temps de lire, surtout sur les écrans, et puis faut leur mâcher le travail, phrases courtes, sujet verbe complément à tout casser, et puis des sujets qui intéressent « tout le monde », des trucs un peu croustillants, sulfureux, contemporains au minimum, dans l’air du temps quoi, provocants, transgressifs, polémiques ou je ne sais quoi d’autre, mais je sais pas qui c’est moi « tout le monde », à qui s’adresse-t-on quand on écrit à la fin ?, fût-ce dans un blog obscur comme celui-ci, est-ce que toi lecteur tu fais partie de « tout le monde », est-ce que moi auteur je fais partie de « tout le monde », est-ce qu’en publiant ici et est-ce qu’en écrivant ce que j’écris je m’adresse à « tout le monde » ? (question rhétorique on l’aura compris, puisque ce blog n’atteint personne, qu’il n’est pour ainsi dire pas référencé, que personne ne le connaît, donc personne ne peut le lire, sauf toi peut-être qui me lis je ne sais par quel miracle, comme ressurgi d’entre les morts), est-ce qu’un seul auteur au monde et dans tous les temps a vraiment pu s’adresser à « tout le monde » ? Encore faudrait-il que dans ce « tout le monde », tout le monde sache lire ! On me dira que ceux qui ne savent pas lire peuvent écouter si on leur fait la lecture… C’est vrai. C’est d’ailleurs comme ça que la poésie, la littérature, les récits, les contes, les mythes, ont commencé : par la parole. Et non par la « publication » de l’écrit. La Bible, plus grand best-seller de tous les temps, est d’ailleurs appelée « La Parole de D.ieu », elle est essentiellement une « retranscription » de la Parole divine, et elle s’adresse vraiment (c’est en tout cas la « mission » qu’elle s’est donnée) à tout le monde… du moins était-ce son ambition, son idéal. Adressée aux « lettrés » comme aux analphabètes, auditoire vaste et universel pour le moins ! Et les analphabètes peuvent parfaitement recevoir cette parole, parce qu’elle est aussi faite pour être lue à haute voix, diffusée aux foules comme aux cœurs esseulés, très fort ! Mais in fine, tout « plus grand best-seller de tous les temps » qu’elle soit, s’est-elle adressée, s’adresse-t-elle encore à « tout le monde » ? Certes, la Bible est plus « lue » que mes obscurs gribouillis (c’est pas difficile me dira-t-on encore), mais elle n’a pas, tout « monument universel » qu’elle soit, atteint tout le monde… 

La littérature dite « écrite », elle, n’est finalement peut-être qu’une littérature de « seconde main », détachée de l’origine orale de la littérature, bien que ses plus grandes œuvres n’auraient peut-être jamais pu être « créées » directement par la parole, comme au temps des origines. La littérature est peut-être devenue plus « complexe » en passant par l’écrit, en se conformant et en s’ « habituant » aux lois de l’écriture. 

On me dira aussi que je ne publie pas « au bon endroit ». Et moi je dis que ceux qui ont inventé Twitter sont des foutus génies. Des croque-morts ou des fossoyeurs de génie. Ils ont compris que la civilisation littéraire était morte, mais que l’ « écrit » ne l’était pas. 140 « signes » max depuis les origines et pendant longtemps, 280 désormais, ils ont compris que pour être lu, dans ce monde qui ne veut plus lire (en particulier les œuvres un peu « volumineuses » et complexes), ben faut faire court. Et simple. C’est aussi con, et c’est aussi génial, et c’est aussi cynique que ça, l’invention de Twitter. Les inventeurs ont parfaitement pressenti et traduit dans leur invention cet indice de déclin de civilisation : faire court, simple, direct, si tu veux avoir une chance d’être lu. Et encore, tout le monde n’a pas cette « chance ». Même court et simple, tu peux rester parfaitement obscur. Alors moi, ici, et avec ce que j’écris…

jeudi 18 juin 2020

LE MUR

Faut dire aussi que je fais pas grand-chose pour me sortir de ce merdier, je ne fais pas grand-chose pour moi-même autant dire, je ne m’aide pas (d’où le silence et l’inaction du ciel sans doute…), ah ouais qu’il dit, ça c’est balancé ! et il est content ? J’accuse le temps (sa fuite pour être plus précis), j’accuse l’argent (son manque pour être plus précis), mais je dilapide l’un comme l’autre comme qui rigole, comme un qui aurait pas peur de crever quand tous les comptes seront à sec, à part mes yeux pour pleurer, le mur approche à la vitesse grand V, ma vie est un bolide furieux lancé à pleine bourre et piloté par mon inconscience, le mur qui arrive là devant ma gueule je le vois bien, mais rien n’y fait, rien ne change, je ne change rien, pas une thune qui rentre depuis des années et ce qui me reste sort aussi vite que le temps inexorable qui file sans que rien ne change, il a l’air encore loin le mur, je fonce comme si je n’allais jamais l’atteindre, ou dans tellement longtemps, pas de quoi m’inquiéter pour cette babiole tout au loin, il a même l’air en carton-pâte vu d’ici, oh j’ai encore largement le temps de ralentir, d’éviter l’écrabouillement magistral, ô grands dieux pourquoi je ferais ça, c’est que je suis encore « jeune », cinquante-cinq balais et quelques mois, bon allez cinquante-six dans deux mois on va pas chipoter, plutôt en bonne santé (choppé le SARS-CoV-2 au mois de mars, mais le bon Dieu m’en a libéré et me voilà maintenant immunisé paraît-il ! Et mon confinement fut des plus heureux !), disons pas encore grabataire, alors je fais le mariole à pleine vitesse, je nargue le mur qui approche, mais non ô petit connard, il est pas loin, il est pas loin du tout le mur, à cette vitesse c’est du tout cuit, il est là next door, la prochaine porte de sortie, de sortie de cette vie de merde (ouf ! me diras-tu, il était temps !), une porte blindée bien close moi j’appelle ça un foutu mur, croire qu’il est encore très loin, croire même qu’il est « inatteignable », c’est un effet de ton optique déficiente, disons plutôt de ta connerie galopante (plus euphémiquement appelée « inconscience » ci-dessus), et dis-toi bien qu’un mur qui approche à la vitesse où tu fonces vers lui, eh ben je vais te dire une bonne chose mon con, il sera toujours plus fort que toi, le mur il en a rien à carrer d’être écrabouillé, d’ailleurs il n’a aucune chance de l’être, un peu solide il sera à peine égratigné, le mur ne « pense » pas, le mur n’a pas d’états d’âme, le mur n’a pas de problèmes de chômage, de fric, de temps qui passe, de santé gâtée, le mur est à sa place, on l’a mis là pour qu’il soit là, on l’a mis là pour une raison X ou Y peu importe, c’est un mur et rien d’autre, il ne bougera pas, mais toi… J’aimerais pas voir ce que ça donnera quand la « rencontre » aura lieu… Le mur est ce qu’on se prend dans la gueule quand on fonce à travers le temps comme un dératé sans rien en faire, quand on pense qu’il est encore temps, que l’avenir nous appartient, qu’il est (et sera toujours) une entité vierge et prometteuse et bienveillante et maternelle, qu’il n’y a qu’à attendre, comme le lait qui coule gratos du sein dans le gosier du nourrisson, qu’un miracle va se produire, que « Dieu va faire » comme disent les inconscients et les flemmards, gens de foi tout à fait respectables certes, mais qui ont oublié qu’il faut s’aider soi-même pour que le ciel nous aide, le ciel est une espérance, pas un self-service… 
Oh ma foi, je fais des choses pourtant, j’appelle toute sorte de gens, même de très anciennes connaissances qui ne comprennent pas ce que je leur veux, les temps sont durs pour tout le monde ma bonne dame, ça fait un bon paquet de temps que j’essaie de me relancer, je fais peut-être pas tout à fait ce qu’il faudrait, mais j’ai essayé, j’essaie encore… Et pourtant… Rien, rien, rien. Mon Dieu d’amour, seul et unique Créateur du monde, de tous les mondes et des non-mondes, délivre-moi, par pitié !

jeudi 11 juin 2020

COMPTE À REBOURS

Comme qui rigole, glup glup glup, ahan ahan ahan poussez monsieur on ne relâche pas l’effort, tic-tac tic-tac tic-tac c’est ça le bruit du compte à rebours ? ou ça fait plutôt tac-tic tac-tic tac-tic y’en a plus pour longtemps, temps comme fric, fric comme temps, votre compte est bientôt épuisé monsieur, que dis-je, vos comptes ! tout comme vous qui l’êtes depuis longtemps me direz-vous vous avez pris les devants pour une fois, devançant l’épuisement des comptes par l’épuisement de vous-même, on dit que le temps c’est de l’argent mais ils ont tout de même des comptes séparés, pas fou le temps, pas fou l’argent, ils ne se donnent rien l’un à l’autre, chacun pour soi et Dieu pour qui Il voudra bien, moi j’écris pour Toi mon Dieu d’amour, infini, seul être dans ce monde et dans tous les mondes et tous les non-mondes, seul être dis-je à pouvoir être qualifié d’infini et de Créateur, les hommes ne sont que de vils reproducteurs seuls les rares génies dans l’histoire des hommes infiniment cons pour leur écrasante majorité, seuls les rares génies dis-je ont eu un peu de flamme divine « créatrice », c’est d’ailleurs pour ça qu’ils sont souvent si difficile à comprendre, au sens où le « commun des mortels » ne peut même pas se figurer qu’ils puissent exister, ne peut même pas concevoir dans quelles sphères ils se consument avant de mourir comme tout le monde, ô mon Dieu d’amour, mon seul Lecteur mais quel Lecteur ! Les morts ne peuvent pas lire c’est bien dommage ! Mais le bon Dieu ne peut pas mourir et Il me lira toujours c’est rassurant du moins pour moi… Tac-tic tac-tic tac-tic tac-tic tac-tic c’est le compte à rebours du temps et de l’argent aux comptes séparés mais aux intérêts communs, me faire la peau tout bientôt, me finir plutôt, non sans se donner la volupté de me voir agoniser, ce que du reste ils ont commencé à « faire » depuis longtemps, on est déjà dans la phase terminale c’est là qu’on sort des cotillons les serpentins le champagne et tout le tremblement, oh que ça va être bien, oh que ça va être gai et juvénile, les comptes de l’argent et du temps sont bientôt à sec tac-tic tac-tic tac-tic mais le bon Dieu est une source inépuisable de joie où nul temps et nul argent ne vient rien altérer. Et j’ai une terrible envie de me reposer pour l’éternité.

mercredi 3 juin 2020

SITUATION FLOUZE

Comment on fait bon sang pour gagner du fric ? Ah oui, suis-je bête ! On travaille. « Tout travail mérite salaire » dit-on. Et le travail sans salaire alors ? Le travail « qui ne paie pas » ne mériterait-il pas, lui aussi, un salaire ? 

Le travail « pour soi » (du moins fait avec plaisir pour soi, excusez du peu, mais qui n’en demeure pas moins un travail), le travail « pour la gloire », comme on dit ironiquement quand on veut se foutre de la gueule de quelqu’un (qui peut être soi-même d’ailleurs, l’autodérision on appelle ça, paraît que c’est salutaire) qui travaille le plus sérieusement du monde à quelque chose de beau, peut-être d’utile (reste à savoir à qui, dira-t-on) mais qui n’en tire pas les moindres subsides ou n’en reçoit pas le moindre salaire, ce travail-là, donc, compterait pour rien, n’aurait aucune valeur « marchande », n’aurait pas « vocation » à être « converti » en revenus ? 

Mais moi je travaille foutre de merde ! En tout cas je peux travailler, je travaille quand ça me prend, faut toujours que je me force un peu, mais enfin je travaille et parfois même je travaille bien… Je travaille et rien de ce travail ne se convertit en pognon ! Je fais comment moi ? Rien au bout de l’effort (lequel je ne « soutiens » pas tous les jours, soyons honnête), rien en monnaie sonnante et trébuchante, personne ne me sonne faut dire, je m’emploie moi-même mais vu que je ne me paye pas car je suis un très mauvais employeur (pas les moyens mon vieux, désolé !), il ne me reste plus qu’à trébucher dans le cloaque de la misère annoncée, si ça continue comme ça… 

Le bon D.ieu m’en préservera, comme Il a toujours fait, je n’en doute pas un instant, je crois qu’Il me reconduira « in extremis » (où je me trouve déjà un peu, hum, hum…) Sa Grande Miséricorde et me sauvera du désastre que mon « mauvais penchant », lui, vif et gaillard comme toujours (c’est celui qui doute en moi, et pas seulement « de moi » mais – et c’est beaucoup plus grave – de Lui, autant dire que cet enculé est coriace), ne manque pas de voir se profiler à l’horizon, un horizon que ce bâtard voit s’approcher à la vitesse grand V, comme un mur qu’on va se prendre dans la tronche à pleine et inexorable vitesse, et il le prédit et le ratiocine et le rabâche avec sa grande gueule, « garanti sur facture » éructe-t-il dans mon cerveau malade… C’est qu’il aime le désastre, ce satané bouffon ! 

Le bon Luc dans son évangile disait, lui, « toute peine mérite salaire ». Dans l’expression courante, le « travail » a remplacé la « peine ». La « modernité » aime galvauder les choses, les traîner plus bas que terre. Pourtant, c’est ça, c’est bien ça qu’il faudrait dire : la peine qu’on se donne pour « faire quelque chose », quelque chose qui ait un peu de gueule, cette peine mérite un foutu salaire. « Ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? »… Pas grand-chose pour le moment. Faudrait plus que ça tarde trop…

mardi 2 juin 2020

L’ÉTERNEL RETOUR

Dernière entrée : 24 avril 2016. Ça c’est de l’ellipse, ô mes bons lecteurs fantômes ! Plus de quatre ans, quatre foutues années, quatre années foutues, comme du reste à peu près toutes celles qui les avaient précédées… À plus de cinquante piges, ça chiffre ! Empilement du temps, empilement du vent, empilement du vide ! Y’a que le fric qui s’est pas empilé, désempilé plutôt, comme des liasses de talbins emportées par le vent, ou parti en fumée, ce serait plus juste. D’ailleurs ça commence à sentir le roussi côté finances…

J’ai bien flambé faut dire, mais flambé doucement, à feu doux, pas flambé comme un flambeur flamboyant, le genre qui craque tout sans compter et qui ce faisant, s’immole lui-même par le feu de la ruine expresse, non, flambé modestement, en mode profil bas, anonyme en diable, lentement mais sûrement, et voilà le résultat. Bref, j’ai cramé ou plutôt consumé mes économies, le petit pécule de ma future « retraite », que j’espère bien du reste ne jamais voir et ne jamais vivre. Que D.ieu me pardonne ! J’ai pas le droit de dire ça ! Mais c’est injuste de vieillir, merde ! Marché de dupe de notre « création » ou de notre chute ici-bas ! Je ne comprendrai jamais pourquoi la plupart des gens pensent qu’il faudrait vivre « le plus longtemps possible ». « Jusqu’à 120 ans ! », dit-on, ou plutôt souhaite-t-on à ses congénères, en référence à l’âge de Moïse dans le Livre de la Genèse (où il est précisé « sa vue n’était point affaiblie, et sa vigueur n’était point passée », histoire de nous convaincre que « vieux » ne veut pas nécessairement dire « grabataire » ou « au bout du rouleau » ; mais Moïse, c’était Moïse, c’était pas le premier loquedu venu). Flambé et glandé aussi. Un plaisir qui coûte cher. Surtout quand on n’est pas rentier, ou blindé pour la courte éternité de notre vie sur « ce grain de boue qui tourne délayé dans une goutte d’eau », comme disait l’ami Maupassant. Blindé, c’est-à-dire insoucieux des lendemains. Le rêve ! Le plus grand luxe qui soit au monde : la glandouille dans la sécurité financière. 

Certes, j’ai encore un toit sur la tête, le même depuis presque trente ans, de quoi bouffer tous les jours, et plutôt bien d’ailleurs, merci seigneur ! Mais pour combien de temps encore ? Combien d’années à empiler ? Bon, on se calme et on reprend à zéro. Faut toujours reprendre à zéro. Le tout, c’est de ne pas y rester… et de ne pas l’ « être ». « Logatome », me revoilà ! Qu’est-ce que t’as foutu, tout ce temps ? Il vaudrait mieux demander ce que je n’ai pas fait : je n’ai pas travaillé. Enfin, pas vraiment… D.ieu sait que j’aurais bien voulu ! Je crains bien que le travail n’ait pas voulu de moi… 

Bon, c’est pas tout ça, faut que j’aille glander devant un écran quelconque maintenant. Ah oui, j’ai complètement arrêté de picoler depuis le début du fameux « confinement », soit vers la mi-mars. Toujours ça de pris pour ma santé, et toujours ça de moins à dépenser. Mais pour quoi faire ? J’aimerais tant être « repris » ! Rejoindre Mathilde et Julot, mes chers grands-parents… 

Bon, dans un premier temps, je vais essayer de revenir plus souvent sur ce petit terrain de jeu, trop longtemps déserté…

dimanche 24 avril 2016

Y'A QUELQU'UN ?

Ça faisait un bail, ô mes amis lecteurs, et surtout, ô masse inquantifiable des non-lecteurs !… Ô grand désert surpeuplé qui jamais ne fera halte dans cette minuscule et déserte (quoique diserte) oasis ! 

Absurde ? À peine… J’invente rien à vrai dire… Si tous ceux, dans le passé (je fais référence au temps d’avant la domination du monde par l’internet, lequel n’est là que depuis quelques secondes à l’échelle de l’histoire humaine), si tous ceux, dis-je, qui ont écrit en croyant « s’adresser à tout le monde » (idéal des plus respectables, cela dit sans aucune ironie) avaient vraiment trouvé « tout le monde » pour les accueillir à bras ouverts (ou à Brazzaville comme disait un pote perdu de vue), et l’esprit lui-même ouvert à leurs quatre vents dûment imprimés, merde alors, ça se saurait ! 

Ecrire pour personne (je ne m’inclue pas moi-même dans cette triste visée, bien qu’il m’arrive aussi – même en me relisant ! – de me sentir « personne »), ça je connais bien, sorte de seconde nature d’écrivain, je dirais même… Depuis toujours dans ma petite caverne en bon troglodyte à gratter, gratter, gratter… Y’a quelqu’un ?! (même l’écho ne me répond pas…). Mais écrire et publier pour personne, autre histoire… Je découvre… Je tâtonne… Je m’avance en mode prudente patte de chat dans la flotte… Et c’est pas vraiment, comme disait le bon Alphonse Allais, à se tordre… 

On ne saisit pas ? C’est pourtant simple : depuis toujours, je veux dire depuis que j’ai achevé mon alphabétisation (il y a un peu de temps...), j’écris non pas « pour moi-même » (ce qui n’aurait aucun sens, étant donné qu’on n’écrit jamais pour être son seul lecteur, et qu’écrivant en français, j’écris forcément, au moins à titre virtuel, pour des gens capables de lire cette langue), mais pour des lecteurs qui ne peuvent pas me lire, pour la raison simple que je ne publie pas. Or en décidant d’ouvrir ce blog, qui à mes yeux n’est rien d’autre qu’un espace de publication, de mise à disposition de quelques propos dont le fond comme la forme ne me semblaient pas indignes, je pensais m’ouvrir une sorte de fenêtre vers… l’autre. Les autres. Lesquels me feraient alors savoir qu’ils sont là. Me feraient savoir qu’ils m’ont vu (lu). Me feraient savoir qu’ils savent désormais que je sais qu’ils m’ont lu (vu). Bref, le circuit normal et immémorial de l’écrivain qui balance ses écrits dans le monde…

Mais au final, voilà... je ne vois personne ici, personne n’a l’air d’y venir… C’est incontestablement une publication pourtant, mais tout pour moi demeure comme avant, comme depuis toujours, je n’écris toujours pas « pour moi-même » ou pour moi seul, mais il semble tout de même que, encore et toujours, j’écrive (et que pour aggraver mon cas maintenant je publie) pour personne… 

A la bonne vôtre, et un grand salut fraternel à ceux (ou celui ? ou celle ?) qui se seraient égarés jusqu’ici…

vendredi 18 mars 2016

UN BOND

Il ne faudrait écrire (et d’une certaine façon, c’est ce que les bons auteurs font, chacun à leur façon, chacun selon leur vision, depuis toujours) selon la conception du merveilleux chère à Michel Leiris : prélever dans la réalité, dans le continuum du réel qui s’impose à nous tous les jours, à chaque instant, et qui le plus souvent émet une sorte de déprimante couleur grisouille, toujours plus ou moins la même, la part ou le moment de vie exceptionnelle qui s’en dégage, la part ou le moment dans lesquels la réalité prend littéralement quelque chose de merveilleux… 

Ce matin, dans une rue de Paris, j’ai vu une femme qui portait une robe blanche que sa démarche pourtant assez lente faisait flotter légèrement autour d’elle comme si elle s’était transformée en une diaphane série d’ailes superposées et vibrionnantes. Au moment de s’engouffrer dans l’escalier d’une bouche de métro, cette créature a semblé se surélever pour atteindre directement la troisième ou quatrième marche, comme si elle avait produit d’un seul coup une sorte de bond au ralenti dans l’atmosphère…