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mercredi 3 juin 2020

SITUATION FLOUZE

Comment on fait bon sang pour gagner du fric ? Ah oui, suis-je bête ! On travaille. « Tout travail mérite salaire » dit-on. Et le travail sans salaire alors ? Le travail « qui ne paie pas » ne mériterait-il pas, lui aussi, un salaire ? 

Le travail « pour soi » (du moins fait avec plaisir pour soi, excusez du peu, mais qui n’en demeure pas moins un travail), le travail « pour la gloire », comme on dit ironiquement quand on veut se foutre de la gueule de quelqu’un (qui peut être soi-même d’ailleurs, l’autodérision on appelle ça, paraît que c’est salutaire) qui travaille le plus sérieusement du monde à quelque chose de beau, peut-être d’utile (reste à savoir à qui, dira-t-on) mais qui n’en tire pas les moindres subsides ou n’en reçoit pas le moindre salaire, ce travail-là, donc, compterait pour rien, n’aurait aucune valeur « marchande », n’aurait pas « vocation » à être « converti » en revenus ? 

Mais moi je travaille foutre de merde ! En tout cas je peux travailler, je travaille quand ça me prend, faut toujours que je me force un peu, mais enfin je travaille et parfois même je travaille bien… Je travaille et rien de ce travail ne se convertit en pognon ! Je fais comment moi ? Rien au bout de l’effort (lequel je ne « soutiens » pas tous les jours, soyons honnête), rien en monnaie sonnante et trébuchante, personne ne me sonne faut dire, je m’emploie moi-même mais vu que je ne me paye pas car je suis un très mauvais employeur (pas les moyens mon vieux, désolé !), il ne me reste plus qu’à trébucher dans le cloaque de la misère annoncée, si ça continue comme ça… 

Le bon D.ieu m’en préservera, comme Il a toujours fait, je n’en doute pas un instant, je crois qu’Il me reconduira « in extremis » (où je me trouve déjà un peu, hum, hum…) Sa Grande Miséricorde et me sauvera du désastre que mon « mauvais penchant », lui, vif et gaillard comme toujours (c’est celui qui doute en moi, et pas seulement « de moi » mais – et c’est beaucoup plus grave – de Lui, autant dire que cet enculé est coriace), ne manque pas de voir se profiler à l’horizon, un horizon que ce bâtard voit s’approcher à la vitesse grand V, comme un mur qu’on va se prendre dans la tronche à pleine et inexorable vitesse, et il le prédit et le ratiocine et le rabâche avec sa grande gueule, « garanti sur facture » éructe-t-il dans mon cerveau malade… C’est qu’il aime le désastre, ce satané bouffon ! 

Le bon Luc dans son évangile disait, lui, « toute peine mérite salaire ». Dans l’expression courante, le « travail » a remplacé la « peine ». La « modernité » aime galvauder les choses, les traîner plus bas que terre. Pourtant, c’est ça, c’est bien ça qu’il faudrait dire : la peine qu’on se donne pour « faire quelque chose », quelque chose qui ait un peu de gueule, cette peine mérite un foutu salaire. « Ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? »… Pas grand-chose pour le moment. Faudrait plus que ça tarde trop…

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