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vendredi 18 mars 2016

UN BOND

Il ne faudrait écrire (et d’une certaine façon, c’est ce que les bons auteurs font, chacun à leur façon, chacun selon leur vision, depuis toujours) selon la conception du merveilleux chère à Michel Leiris : prélever dans la réalité, dans le continuum du réel qui s’impose à nous tous les jours, à chaque instant, et qui le plus souvent émet une sorte de déprimante couleur grisouille, toujours plus ou moins la même, la part ou le moment de vie exceptionnelle qui s’en dégage, la part ou le moment dans lesquels la réalité prend littéralement quelque chose de merveilleux… 

Ce matin, dans une rue de Paris, j’ai vu une femme qui portait une robe blanche que sa démarche pourtant assez lente faisait flotter légèrement autour d’elle comme si elle s’était transformée en une diaphane série d’ailes superposées et vibrionnantes. Au moment de s’engouffrer dans l’escalier d’une bouche de métro, cette créature a semblé se surélever pour atteindre directement la troisième ou quatrième marche, comme si elle avait produit d’un seul coup une sorte de bond au ralenti dans l’atmosphère…

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