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dimanche 21 février 2016

BERECHIT

Fallait bien que ça arrive… A force de gribouiller seul dans mon coin, des années déjà, lesquelles forment et empilent des décennies en un rien de temps, à peine un souffle, bien avant donc l’apparition « miraculeuse » de la grande Toile (c’est que je suis plus un jeunot, ô mes bons amis ! Et j’ai rien vu venir !), basculement total que personne non plus n’a vraiment vu venir, du moins pas à ce point de domination totale de nos vies en si peu de temps, bien avant le « tout-numérique », le « tout-connecté », le « tout-communication », le « tout- réseaux sociaux », le tout-tout à sa mémère, eh ouais bien avant nos vies bienheureusement numériques d’aujourd’hui, il y avait un monde… 



« Je l’ai connu ! Je l’ai connu ! », ferme ta grande gueule, t’es même pas ancien combattant ! Et combattant de quoi t’aurais été ? Combattant de rien du tout ! T’as juste connu le monde d’avant Internet, la belle affaire ! Quel titre de gloire là-dedans ? Et tes grands drames ? Tes affres affreuses ? Où sont tes tranchées ? Où est ton étoile jaune ? Et tes « chers disparus » ?  Allez, allez, pas de blague ! T’étais un petit morveux dans ses langes sous le Général, un bambin mal parti sous Pompidou et un ado boutonneux sous Giscard, so what ? Bref, faut que ça aille vite qu’on m’a dit, les gens adorent conseiller, ils en sont insatiables des conseils, des directives, des « leçons de vie », le monde entier est blindé, saturé de conseilleurs, lesquels sont du reste rarement des payeurs, car de ceux-ci, il y a fort peu bien au contraire, et d’ailleurs de moins en moins… Faut que ça aille vite qu’on me recommande donc, les gens ne lisent pas sur Internet, pas que ça à foutre, et pis franchement tu te vois surfer avec un bouquin ou même une tablette à la main ? La vague et l'écume en pleine tronche, l’équilibre à tenir, le monde physique dans toute sa splendeur ! La jeunesse, la vitalité, le « fun », enfin l’action pure, merde ! Pas possible dans ces conditions, réfléchis un peu ! Le monde virtuel c’est pareil, ça te parle ? Internet même combat, kif-kif bourricot, pas pour rien qu’on a dit « surfer » dès le départ, on peut pas surfer et s’arrêter pour autre chose…



Bon, me voilà déjà trop long… Le drame de ma vie ! On m’avait prévenu pourtant, conseillé, toujours… Alors que j’étais parti pour une considération somme toute assez simple… A force de gribouiller seul dans mon coin, disais-je, fallait que ça arrive : je balance la sauce sur Internet désormais. Un blog, ça s’appelle…